02/04/2023

"Quem começa no que é adequado

e nunca encontra o que não é adequado, esquece-se da adequação do adequado" *

Dans un siècle, ceux qui écriront l’histoire de la transition démographique européenne seront sidérés par les efforts intellectuels investis par ceux qui la subissaient ou la justifiaient pour expliquer qu’elle n’avait pas lieu. 
Notre époque s’essaye au grand écart logique en expliquant que l’immigration massive est une chance pour l’europe tout en expliquant en même temps qu’elle n’a pas lieu.

"Se nos esquecermos que temos pé, o sapato é adequado,
Se nos esquecermos que temos barriga, o cinto é adequado,
Se sabemos esquecer o certo e o errado, a mente é adequada,
Se não há perturbação interior nem sujeição ao exterior,
o momento de actuar é adequado" **

Une fois qu’elle a toutefois transformé la composition démographique d’une population, on célèbre alors cette mutation, tout en expliquant qu’il ne s’agit pas d’une mutation car il en aurait toujours été ainsi. On pousse l’audace toujours plus loin en expliquant qu’un peuple historique ne peut subir une submersion migratoire et devenir minoritaire en son propre pays car ce peuple n’existerait tout simplement pas – les peuples n’auraient aucun substrat identitaire ou 
démographique, et ne seraient que des constructions sociales insaisissables, des vues de l’esprit, autrement dit, se laissant au mieux définir, s’il existe, dans la logique de la fluidité identitaire.
L’opération logique est imparable: si vous n’existez pas, et plus encore, si vous n’avez jamais existé, vous ne risquez pas de disparaître.
Le dogme au coeur du régime diversitaire est celui de l’inexistence des peuples. Il bute toutefois sur le principe de non-contradiction lorsqu’il fait du respect de l’identité des populations issues de l’immigration un impératif absolu. Cela nous conduit à une thèse forte: si l’identité des peuples historiques d’europe n’existe pas, celle des populations extraeuropéennes est dense, et doit être reconnue. Ainsi, autant il est nécessaire, au nom de la diversité, de déconstruire l’identité des sociétés d’accueil européennes, autant il est nécessaire de célébrer l’identité des populations qui viennent s’installer chez elles.
Tout cela, normalement, se présente sous le signe de la science. Qui ose une description concurrente de la réalité est accusé de verser dans l’anti-science, dans la post-vérité et le conspirationnisme.
Le régime diversitaire se déploie en niant le changement de peuple qu’il opère de manière
accélérée, en diabolisant par ailleurs ceux qui prennent conscience du phénomène et s’y opposent. Il saucissonne la réalité, il la découpe en fines tranches au point de la rendre illisible, de manière que le basculement historique ne puisse pas être pris en charge politiquement et mis en scène médiatiquement.
Mais si on arrive à s’extraire de cette falsification idéologique, c’est un tout autre monde qui apparaît. Et on constate une chose simple: le débat sur l’immigration est tout simplement déréalisé, et plus on prétend en parler «scientifiquement», moins on en parle sérieusement. Mais de temps en temps, des chiffres surgissent. Ceux de l’insee, par exemple, qui permettent de conclure que 30% de la population française est d’origine immigrée si on remonte à la troisième génération – même si, officiellement, l’insee préfère communiquer sur le fait que 1 % «seulement» de la France serait composée d’immigrés.
C’est en jouant sur les mots et les définitions qu’on construit un monde parallèle à la réalité, dont il est interdit de sortir sans se faire coller une contravention idéologique. Il faut pourtant désapprendre la novlangue pour voir à quel point nous évoluons dans le domaine du mensonge institutionnalisé. On peut aussi se contenter d’ouvrir les yeux. En fait, il faudrait recenser dès maintenant les lieux et les endroits où cette révolution démographique est non pas en cours, mais déjà achevée, d’autant que la machine à assimiler est brisée. Le nombre rend l’assimilation à peu près impraticable. Et lorsqu’un territoire change de population, il change d’identité profonde.
Quant aux populations issues de l’ancien peuple, et qu’on nommera indistinctement les Français historiques, ou les vieux Français, ils sont appelés à prendre le pli du nouveau peuple, à s’y intégrer, et même à s’y soumettre à tout le moins, on tend à le recommander à ceux qui n’ont pas voté avec leurs pieds en s’exilant pour vivre ailleurs que dans ce qu’ils s’entêtent à prendre pour leur propre pays. C’est la fameuse référence au «vivre face à face» qui a percé dans le langage politique il y a quelques années.
Mais j’y reviens, tout cela, nous pourrons peut-être le raconter dans cent ans. Pour l’instant, il faut répéter les slogans qui valent approbation scientifique: l’immigration massive n’existe pas, même si elle est une chance pour la France, qui a changé, même si par ailleurs, elle n’a jamais existé. Qui parvient à brouiller le principe de non-contradiction, et à abolir la différence entre le vrai et le faux pour lui substituer l’exigence de conformité idéologique au discours porté par le régime, déstabilise la capacité d’un peuple à résister à son congédiement existentiel dans son propre pays.

                                           • Le Figaro, 1 Apr 2023 - Mathieu Bock-Côté

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"Esforçar-se para que o espírito e o discernimento ajam como um,
sem reconhecer que são idênticos, chama-se «três da manhã».
Porque é que se chama «três da manhã»?
Um tratador de macacos espalhou bolotas e disse:
- Três de manhã e quatro ao anoitecer.
Todos os macacos ficaram furiosos.
Disse então:
- Sendo assim, quatro de manhã e três ao anoitecer.
Todos os macacos ficaram contentes." ***
. . . 

* Chuang Tse
** ibidem
*** ibidem